Répondre à a violence et à la colère (une perspective bouddhiste)

January 11, 2015   |   1 Comment

IMG_3889(traduction française de Elise Maes Le Goff)

Texte original

Aujourd’hui des hommes armés ont ouvert le feu dans les bureaux du magazine satirique Charlie Hebdo qui avait soulevé par le passé la colère d’islamistes extrémistes. Douze personnes, dont des dessinateurs célèbres en France, ont été tués. J’ai cru que c’était une blague. Mais non.

Rien ne peut rendre cela acceptable. Aucune explication ne peut aider. Entendre parler d’une telle violence et folie propulse notre esprit dans le chaos et nous bouleverse. C’est ça qui se produit en nous dans de telles circonstances. C’est ce qu’on ressent quand on a le cœur brisé et c’est une réaction complètement appropriée. On veut se mettre en colère. On veut empêcher que cela ne se reproduise. Nous voulons aider. Mais que pouvons nous faire ?

Il y a quelque chose que vous pouvez faire. Cela n’est peut être pas ce à quoi vous pensez. En fait, cela n’a rien à voir avec la pensée, même si vous pensez à ce sujet des choses profondément justes ou magnifiquement articulées.

Pour commencer, s’il vous plait, je vous en conjure: regardez votre esprit là maintenant, et demandez vous s’il est en train de penser une des choses suivantes :

Les islamistes extrémistes nous volent nos libertés et nous devons les détruire ou nous serons détruits.

Les positions de gauche sont stupides et ne nous protègent pas. On doit voter à droite pour se sauver la vie.

Les positions de droite sont stupides et mènent à de telles situations, s’accrocher à nos opinions de gauche n’a jamais été plus important que maintenant.

A partir de maintenant, je refuse de lire les nouvelles parce que le monde est devenu fou et je ne le supporte plus.

Ce ne sont que des complots de toute façon. Personne ne peut prouver (tout comme les attentats du 11 septembre, ou la tuerie de Sandy Hook ou l’Holocaust) que cela s’est réellement produit.

Toutes les personnes de bon sens doivent sortir de leur réserve et prendre position, se battre et exiger des changements. Ceux qui le font sont des héros, le problème c’est tout ceux qui ne font rien.

Ce qui est la cause de telles tragédies est ______________________ (la pauvreté, le chômage, le machisme, Hollande, Marine Le Pen, les Nations Unies, la pollution, les religions).

Avoir de la compassion pour nos ennemis semble impossible cependant nous nous devons d’essayer.

Il faut vraiment être complètement débile pour trouver qu’on doit être gentil envers ceux qui ont envie de nous décapiter.

J’ai besoin de digérer tout cela avant de réagir.

Les émotions ça suffit, allez bouge toi un peu et agis !

On pourrait évidemment trouver des arguments convaincants pour défendre chacun de ces points de vue. Et alors ? Qu’est ce que cela changerait ? A l’heure qu’il est, ils ne font pas avancer les choses et ont tous quelque chose en commun : ils sont tous une façon de bloquer la douleur. Ils visent en fait à mettre quelque chose entre vous et le contenu de votre cœur. Faire porter le chapeau au fondamentalisme, aux armes ou aux personnalités politiques peut paraître tout à fait sensé et recevable, mais à l’heure qu’il est, cela ne change rien.

Le génie ou la véhémence de vos pensées ne changera pas votre douleur, votre rage ou votre confusion, cela ne fera que les enterrer. Je pense que c’est en fait la douleur, la rage ou la confusion qui sont à la source de telles tragédies. Nous pouvons nous empêcher de contribuer à la marée de sentiments incohérents qui surgissent quand la douleur est infligée plutôt que d’être ressentie.

Il y a quelque chose que vous pouvez faire et qui touchera au cœur même de votre humanité .

Ressentez.

Laisser vous aller à avoir le cœur complètement irréversiblement brisé. Pleurez, sanglotez, emportez-vous. Pleurez, sanglotez, emportez-vous. Chaque fois que votre esprit tente de vous dire, « c’est la faute de la politique », ou « ce monde est terrible, pourri et je dois le sauver », s’il vous plait demandez lui d’attendre. Je ne suis pas en train de dire que nous ne devons pas agir. Nous DEVONS agir. Mais avant d’agir, nous devons ressentir.

Et en fait, il se trouve que ça aide de ressentir, et même plus, c’est courageux. Les lâches cherchent eux à noyer les sentiments difficiles dans des actions hâtives et non réfléchies. Les guerriers ouvrent leur cœur. Ils ressentent l’impensable et le laisse les transformer, les frapper, les déchirer, et pendant que tout ça fait rage, le guerrier attend. C’est depuis cet état, et non pas à distance de tout cela, que l’esprit forge sa propre réponse ; une réponse ancrée, non dans de l’abstrait, mais dans une relation juste à la rage, la détresse et à la terreur que les événements ont provoqués. C’est à ça que le courage ressemble. Et tous ceux qui vous disent que ce que j’avance est juste une autre connerie New Age ne l’ont jamais essayé.

Il y a une étrange rédemption dans le fait d’avoir le cœur brisé. Maintenant votre cœur est préparé. Maintenant vous pouvez aider.

En puisant dans la peine de votre cœur, vous pouvez l’étendre à la souffrance de tous ceux qui ont été directement concernés. C’est ainsi qu’on tient son esprit, en transformant la peine en fuel. Cela empêche de s’apitoyer sur son sort. Cela consume la colère. Cela subvertit la dépression. S’il vous plait, essayez.

Asseyez –vous confortablement. Détendez votre esprit et ensuite pensez :

A tous les hommes et femmes qui ont perdu la vie dans la violence de ces derniers jours, je partage votre souffrance avec vous. En retour, je vous offre ma paix.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre paix.

A tous ceux qui ont été témoins de cette horreur, je partage votre choc inconcevable. Puisse-je prendre ne serait-ce qu’une fraction de votre peine et de votre colère dans mon propre cœur et vous soulager de ces maux. En retour, je vous offre ma force.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre force.

A tous nos frères et nos sœurs en France qui ont vécu ce jour effroyable et doivent maintenant trouver un sens à tout cela, je partage votre confusion à vos côtés. Puisse je prendre en moi votre peur, votre colère et vos cauchemars. En retour, je vous offre mon courage.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre courage.

Aux personnes politiques françaises, aux docteurs, infirmiers, à la police et aux pompiers qui ont été témoins des faits et devez maintenant agir, je partage votre peine. Puisse je prendre en moi votre choc et votre confusion. En retour, je vous offre ma confiance et mon cœur ouvert.

Inspirez leur souffrance. Expirez votre confiance et votre cœur ouvert.

Quand vous êtes prêt à clore, asseyez vous calmement pendant quelques minutes (ou quelques vies) avant de reprendre le cours de votre vie.

Nous ne devons pas non plus mettre de côté les auteurs de ces crimes. Il se peut que nous détestions les monstres qui ont commis tout ça. Il se peut qu’on les condamne et qu’on les haïsse. Je ne dis pas qu’il ne faut pas le faire. Cela ne sert à rien (et cela vous dessert en réalité), mais c’est une réaction humaine. La seule chose qu’on ne puisse pas faire dans ces circonstances est d’imaginer que nous ne sommes pas différents d’eux. Car nous ne le sommes pas.

Il faudrait avoir bien belle grandeur d’âme pour offrir de la compassion aux assassins et je ne m’en sens pas capable aujourd’hui. Mais, même si je ne peux trouver en moi de la compassion à leur offrir, je ne m’autorise pas non plus à imaginer que je serais bien différent d’eux si j’avais eu leur vie. Aujourd’hui c’est tout ce que je peux faire.

En attendant, embrassez ceux que vous aimer, reconnaissez qu’il est à la fois terrible et magnifique d’être humain, et honorez la fragilité de nos vies à tous. Faites le vœu d’utiliser vos vies aussi intelligemment et pleinement que possible. Aujourd’hui, cela signifie peut être pleurer. Demain, cela signifiera peut-être sauver tous les êtres.

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1 Comment

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    Thanks for finally talking about >Répondre à a violence
    et à la colère (une perspective bouddhiste) – Susan Piver <Loved it!

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